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Message par Baptiste Dim 21 Mar - 2:56

LIBERTÉ, DROITS DE L’HOMME ET RAPPORTS DE DOMINATION : A QUAND LA VÉRITABLE RÉVOLUTION ?

Chronique d’Antoine Dumet

Face à l’interrogation immédiate que peut susciter une quelconque censure de la liberté d’expression, notre intelligentsia n’a de cesse de répéter que toute liberté n’est que relative et doit être abolie là où commence celle d’autrui. Sur le plan du concept, il est à noter que cette maxime inscrite dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen du 4 août 1789, assimile la liberté à la subjectivité de chaque individu. Par conséquent, la liberté n’est plus envisagée comme le cheminement ou la qualité d’un homme de courage et de raison, mais comme un droit intemporel qui place l’individu dans une position statutaire, uniforme et revendicative.

Il faut bien comprendre que la période charnière de la révolution française a auguré un revirement total de la conception même de liberté. En effet et comme l’a bien défini Charles Maurras, la liberté entendue comme principe général, n’existait pas sous l’Ancien Régime puisque seule l’autorité Royale pouvait s’accorder avec la satisfaction du Bien commun, dans lequel les libertés étaient garanties. La liberté comme exception à l’autorité trace dès lors les contours d’un corps subsidiaire dans lequel chaque stratification locale, sociale ou associative possédait son autonomie propre. En clair, aucune liberté n’était accordée à l’homme comme sujet ou atome, mais toutes les libertés étaient dévolues aux hommes réunis en société. La vision aristotélicienne de l’homme comme être social et animal politique y était ainsi pleinement consacrée.

En élevant la liberté comme principe abstrait et total dont l’interdiction devient l’exception, la déclaration universelle des droits de l’homme a en réalité consacré l’individualisme des lumières, c’est-à-dire une conception atomisée de la société dans laquelle évoluent des individus autocentrés qui ne communiquent avec les autres que dans l’unique but de satisfaire leurs intérêts privés. La société rêvée par les lumières peut par conséquent être résumée en référence à Adam Smith, à une « simple somme d’intérêts particuliers » dont on sait avec le temps qu’elle n’équivaut l’intérêt général. La révolution française, derrière la brève parenthèse de l’idéal rousseauiste traduite dans le réel par l’omnipotent comité du salut public, a en réalité codifié la victoire cynique de la future classe dominante : la bourgeoisie. La maxime de la liberté relative sera dès lors usée au profit de ce nouveau processus de domination, puisque seul le Droit investi par la superstructure bourgeoise sera en mesure de définir les limites de chaque droit dévolu aux hommes. Ainsi, la déclaration universelle des droits de l’homme après s’être substituée à la religion catholique, servira de caution religieuse ou morale pour asseoir la domination de ces nouvelles élites. Un exemple flagrant tiré de l’ouvrage de George Bernanos : La Grande peur des Bien-pensants, témoigne de ce coup d’Etat déguisé : « un des derniers actes de la convention fût d’abolir la confiscation. Jadis, dès qu’un homme avait trahit ses devoirs, il était indigne d’exercer sa fonction de riche, il était dégradé, déclaré déchu. La bourgeoisie tenait à bien marquer le caractère absolu, imprescriptible, indélébile que devait avoir la propriété dès qu’elle était passée entre ses mains. C’était sa façon à elle de clore la Révolution ». A l’idéalisme d’un Robespierre ou d’un Marat a succédé l’appétit vorace des apparatchiks du Directoire incarné en sa chair par le fumeux Barras.

Mais pour atteindre ses fins, cette nouvelle religion doit dans un premier temps s’atteler à annihiler toute conscience nationale et toute amitié politique (la philia), en excitant les égocentrismes et la passion qu’on les hommes pour l’égalité. C’est ce que Tocqueville avait pressentit en pointant les dérives totalitaires de la démocratie libérale. L’idéologie des droits de l’homme conduit en effet à reléguer l’amitié dans la sphère privée. L’homme est par conséquent amené à envisager autrui comme un obstacle à son intérêt particulier dans la sphère citoyenne, tout en fusionnant avec ses semblables, c’est-à-dire son ethnie, ses amis ou son clan. De surcroît, la démocratie libérale, après avoir façonné le communautarisme par l’idéologie du multiculturalisme, a concurremment forgé l’individualisme et la société de masse. Le principe même de fraternité qui sous l’égide de la démocratie grecque était censé nourrir le patriotisme et la préférence citoyenne ou nationale, a été trafiqué pour se confondre avec celui d’une tolérance de la sentimentalité (fusion) qui conduit grâce à une vague essentialiste (le culte des origines), à la ségrégation sociale et ethnique. Comprenez l’ambiance véhiculée par un ouvrage de Sartre titré : L’enfer, c’est les autres.

Et ce raisonnement est fort bien illustré par le constat permanent d’une liberté d’expression à deux vitesses. En justifiant la censure par l’exigence fallacieuse de la liberté de l’autre d’être respecté, le Droit entrouvre une boîte de pandore au seul bénéfice des élites surprotégées. En effet, si ce principe avait été total, plus aucune liberté d’expression ne serait effective. La moquerie des femmes choquerait les féministes. La critique de l’islam enragerait les musulmans, et enfin un sketch attaquant un colon juif intégriste serait entendu par les amis d’Israël comme une provocation de très mauvais goût. Par conséquent, la censure de certaines formes de libertés d’expression par le Droit (loi Taubira, loi Gayssot) a engendré comme de nombreux intellectuels l’ont relaté, cette concurrence victimaire que seuls les communautés puissantes pourront satisfaire. C’est pourquoi derrière le discours manichéen et dualiste de l’amour et de la haine, prospère la compétition féroce des communautarismes, cause immanente du processus de tribalisation de la nation et du retour de la vendetta. Vendetta qui mettra en lumière le rapport d’inégalité des forces qui résident entre ceux qui possèdent le capital et les futures prolétaires. Le double discours sur la liberté d’expression n’est en fait rien d’autre qu’une arme politique usé maintes fois pour désigner l’ennemi du système libéral : hier les catholiques et la pseudo menace de l’ordre moral ; aujourd’hui le danger de l’islamisme face à un Occident décadent. Cette double éthique doit être bien évidemment maquillée par l’instrumentalisation de certaines circonstances particulières. Ainsi, le juif sioniste justifiera peut être la limitation de la liberté d’expression au prorata du nombre de morts durant la Shoah, rendant ainsi quasiment impossible toute forme de critique de son communautarisme ou de sa double allégeance. Tout cela reste une affaire de communication et de marketing.

L’exemple de la liberté d’expression n’est qu’un facteur parmi d’autres du processus d’aliénation de l’homme à sa condition d’esclave consumériste et servile. En effet, l’exaltation de droits de plus en plus opposés (droit de la femme d’avorter/ droit de l’enfant de vivre ; droit du criminel/ droit des victimes) doit être codifiée dans l’espace juridique. L’inflation de ces droits antagonistes a conduit à l’inflation législative et dans le même temps à la judiciarisation de la vie en société. Le Droit est devenu l’arme despotique du pouvoir économico politique dans l’unique but de contraindre l’individu. En effet, après l’avoir manipulé au nom de sa liberté (liberté comprise comme la jouissance de droits), il s’agira d’inventer un instrument pourvu d’un effet cliquet (impossibilité de le remettre en cause). Le droit au divorce a par exemple opéré un transfert de souveraineté du couple vers une autorité extérieure (le juge). Le développement de la responsabilité civile est la conséquence du triomphe du Droit des assurances. L’extension de la notion de préjudice moral au concubin d’une personne décédée, c’est-à-dire hors du cadre du mariage, a par l’exigence de la preuve, conduit le juge à s’immiscer dans la vie privée du couple. Comme l’explique très bien Régis Debray (Le moment fraternité), notre société ne repose désormais plus que sur l’économique et le juridique, c’est-à-dire la loi de la jungle masquée par la jungle des lois innombrables.

La force du système, comprenons le bien, est d’avoir sur hisser l’angélisme et les obsessions de bonne morale des hommes, au rang de dogme indiscutable. Essayez vous à remettre en cause la déclaration des droits de l’homme avec les meilleurs arguments du logos, vous serez automatiquement catalogués dans la case (oui cette case identitaire dans laquelle vous baignez depuis l’origine d’après BHL) des « pétainistes transcendantaux ». Ainsi, il convient d’opposer à la vision réactionnaire des promoteurs du nomadisme (citoyens du monde), du tribalisme (éloge des identités contre le patriotisme) et de l’écologisme new age (préférence de l’animalité sincère mais bête au génie perfide de l’esprit humain), la défense de la Nation comme fruit de la modernité et de la civilisation. Car c’est la monarchie très chrétienne qui durant plus de 1300 années a bâtit un modèle économique et social équilibré, dont la République Gaullienne sera la digne héritière. C’est le pouvoir du souverain qui a contribué dès le règne de Louis XI à centraliser le Royaume de France pour préparer la naissance d’un Etat unitaire. L’histoire à un sens même si celui-ci a tendance à se répéter. C’est pourquoi, à l’image de cette aristocratie décadente et complice de trahison de la royauté (le Duc d’Orléans Philippe égalité a effectivement voté la mort du roi Louis XVI), notre oligarchie capitaliste à laquelle près de 60% de la richesse crée lui revient sous forme de spéculation, aimerait bannir par précaution ce chant si prompt à la révolte qu’est la Marseillaise. En effet, il y est toujours écrit : « qu’un sang impur abreuve nos sillons »…
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Message par Baptiste Dim 21 Mar - 3:19

La moquerie des femmes choquerait les féministes. La critique de l’islam enragerait les musulmans, et enfin un sketch attaquant un colon juif intégriste serait entendu par les amis d’Israël comme une provocation de très mauvais goût.
Beaucoup de cynisme et d'ironie dans cette remarque.
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