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Les relations internationales selon le plus proche conseiller d'Obama

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Message par Sylphide Sam 10 Avr - 15:18

Beaucoup plus influent que Samuel Huntington, Zbigniew Kazimierz Brzeziński (ZKB) a repris une partie de ses thèses, en les reformulant à partir de fondements de référence acceptables par les diverses tendances des élites US. Plus qu’Huntington, brillant mais isolé, ZKB, cynique et puissant, incarne la ligne alternative au néo-conservatisme au sein de l’impérialisme américain. Aujourd’hui conseiller hors organigramme du Président Obama, il impulse une orientation stratégique nouvelle à la politique étrangère des Etats-Unis : plus calculateur, plus prudent que les neocons, il partage leur impérialisme, mais pas leur unilatéralisme. Sa pensée ne constitue pas une alternative à l’idéologie du « choc des civilisations », mais une formulation alternative de cette idéologie.



Sa force : les réseaux. ZKB présente un profil idéal pour constituer une passerelle entre les milieux néoconservateurs et les conservateurs réalistes : issu au départ du Parti Démocrate, d’origine judéo-polonaise [origine juive incertaine], animé par une aversion notoire à l’égard de la Russie, il peut se permettre de critiquer les milieux juifs et la gauche américaine plus aisément qu’un WASP marqué à droite, comme Huntington – ce qui n’est pas sans importance dans le contexte actuel aux Etats-Unis. Ami de David Rockefeller, avec qui il cofonde la commission Trilatérale en 1973, il a l’appui presque inconditionnel du « big business », dont il a toujours défendu les intérêts (il est l’inventeur, entre autres choses, de la théorie du « tittytainment », selon laquelle la société future assurera la domination des très riches en enfermant 80 % de la population dans l’abêtissement généralisé). Théoricien de l’inégalité positive, il fait partie de ces hommes d’extrême droite (en réalité) qui ont compris qu’un discours pseudo-progressiste constituait, désormais, le masque nécessaire du fascisme. Son « coup d’éclat » remonte à la fin des années 70 quand, conseiller du Président Carter, il déstabilisa l’Afghanistan, obligeant les soviétiques à s’engager dans un guêpier. Il est hors de doute que son niveau de réflexion est très supérieur à la moyenne des néoconservateurs du « Project for a New American Century ».

En 1997, il écrivit « Le Grand Echiquier ». Suite aux attentats du 11 septembre 2001, après lesquels il était devenu difficile de prôner trop ouvertement le soutien aux islamistes en vue de les instrumentaliser comme arme de déstabilisation, il proposa une théorie actualisée avec « Le Vrai Choix : domination mondiale ou leadership mondial ». Fondamentalement, ce second livre ne modifie cependant pas les thèses avancées dans « Le Grand Echiquier ».

A la différence d’Huntington, ZBK admet, comme les membres du PNAC, que les USA ne doivent pas tolérer la simple existence d’un rival géostratégique. Cependant, par réalisme, il situe cet objectif dans un cadre multilatéral. Partisan d’une alliance USA-Europe, il veut que l’Occident dans son ensemble reste prédominant, et que les USA soient prédominants au sein de l’ensemble occidental. La version du « choc des civilisations » promue par ZBK implique donc l’incubation d’un cadre de préconception sensiblement différent de celui voulu par les néoconservateurs : les USA ne sont pour lui pas le « gendarme du monde », mais le régulateur d’un bloc occidental prédominant. Cette divergence explique que les stratégies de communication de la puissance américaine aient évolué depuis l’arrivée aux affaires d’Obama, le « soft power » (influence) remplaçant le « hard power » (conquête militaire) comme méthode présentée positivement par les médias dominant.

L’analyse stratégique de ZBK reprend l’hypothèse de base des géopoliticiens classiques : l’Eurasie est le centre du pouvoir mondial, étant donné qu’elle regroupe la moitié de la population humaine. La clef pour contrôler l’Eurasie, explique-t-il, est l’Asie centrale. Et la clef pour contrôler l’Asie centrale est l’Ouzbékistan (rappelons que les forces américaines se sont déployées, après le 11 septembre 2001, en premier lieu dans cette ex-république soviétique). ZBK confirme d’ailleurs, dans « Le Grand Echiquier », qu’une stratégie à longue durée a été déployée dès la chute de l’URSS pour favoriser l’implantation américaine dans cette zone, stratégie reposant sur l’implantation économique et l’affaiblissement de la Russie.

A la différence des signataires du PNAC, groupe qui dissimula ses objectifs derrière une phraséologie guerrière unilatéraliste et pseudo-patriotique, ZBK a le courage, dans « Le Grand Echiquier », de reconnaître que le « camp » pour lequel il combat n’est pas l’Amérique des Américains. C’est le capitalisme globalisé – cela, et cela seul. L’objectif de la conquête de l’Asie centrale doit être, selon ZBK, d’assurer la victoire non de l’Amérique proprement dite, mais plutôt celle d’un Nouvel Ordre Mondial entièrement dominé par les grandes entreprises multinationales (occidentales principalement). « Le Grand Echiquier » se présente d’ailleurs comme un véritable hymne aux instances gouvernantes du mondialisme économique (Banque Mondiale, FMI). ZBK est le premier patriote du Richistan – un pays en surplomb de tous les autres, où ne vivent que les très, très riches.

« Le Grand Echiquier » est d’une manière générale un livre intéressant parce que ZBK, avec un cynisme assez remarquable, y avoue crûment les manipulations que les néoconservateurs, en général, ont accomplies en les dissimulant derrière un rideau de fumée américaniste. Homme du « big business », il n’a pas à se soucier des réactions de la « moral majority » qui constituait une des bases du néo-conservatisme. C’est pourquoi il admet, comme un fait acquis, que la base anthropologique de l’Amérique a vocation à se diversifier, jusqu’à devenir un reflet parfait de la diversité planétaire. Et pour unifier cette base totalement disparate sur le plan identitaire, il prône (en 1997) un « nouveau Pearl Harbor », qui permettrait d’identifier un ennemi fantasmatique (l’islamisme par exemple), intégrateur négatif d’une population américaine totalement déstructurée.

La lecture du « Grand échiquier » confirme qu’il y a depuis plus d’une décennie concurrence, au sein des élites américaines, entre une ligne impulsée par le « lobby pro-Israël » et une autre ligne, défendue par ZBK, lequel se soucie fort peu du devenir de l’Etat juif. Pour ZBK, le principal objectif de la grande stratégie US doit être, au début du XXI° siècle, de lutter contre l’alliance Chine/Russie, si possible en l’empêchant de se constituer, à défaut en en limitant la portée et la puissance. Dans cette optique, ZBK (peut-être motivé ici par sa notoire russophobie) considère que la principale menace vient de la Russie, dans la mesure où, bien que moins puissante économiquement que la Chine, elle a davantage les moyens de sa pleine souveraineté. Il préconise l’encerclement de la Russie par l’implantation progressive de bases militaires, ou à défaut de régimes amis, dans les anciennes républiques soviétiques (Ukraine incluse), ainsi que l’affaiblissement de Moscou par le pillage de son économie (rappelons que le livre a été écrit en 1997, alors que les oligarques se partageaient les entreprises russes privatisées, une année avant le krach de 1998).

Avec une franchise non exempte de cynisme, ZBK avoue dans la foulée que l’Amérique est, selon lui, « trop démocratique en interne » pour être suffisamment autocratique à l’international. Il en tire la conclusion, cruciale pour qui veut comprendre sa formule de pensée, que l’Amérique doit privilégier les stratégies d’influence, afin d’être autocratique sans que cela soit vu par la population américaine elle-même.

Il faut donc bien comprendre que les prises de positions ultérieures de ZBK, à partir de 2004 opposé à la « guerre contre le terrorisme », ne traduisent pas de sa part une réfutation de la réalité de cette guerre – il sait parfaitement qu’elle n’a jamais été autre chose qu’un prétexte, il a d’ailleurs lui-même prôné l’utilisation de ce prétexte. Ses prises de positions traduisent son inquiétude sur la manière dont les néoconservateurs utilisent cette « guerre prétexte » (c'est-à-dire avec une manifeste absence de subtilité). ZBK approuve tout à fait la stratégie belligène des neocons ; mais il leur reproche de la conduire si brutalement, si directement, qu’elle est perçue. Son programme : faire la même chose, mais subtilement, sans que cela se voie. En Asie centrale, par exemple, il propose de soutenir les islamistes, afin qu’ils s’opposent au retour de la Russie dans la zone – instrumentaliser l’islamisme, pour BZK, ce n’est donc pas le combattre partout, mais au contraire le favoriser sélectivement.

Cette stratégie infiniment plus subtile que la brutalité néoconservatrice repose sur une priorité accordée à l’influence, la guerre ouverte ne venant qu’en dernier recours. ZBK préconise en particulier l’infiltration des élites eurasiennes, la détection des membres de ces élites les plus influençables, afin de les favoriser (par l’outil médiatique en particulier), pour qu’ils deviennent prédominants au sein de leur oligarchie spécifique. Là où les neocons bombardent et occupent militairement, ZBK propose de corrompre, diviser, manipuler, pour imposer souterrainement des gouvernements à la botte des USA. Ainsi, il ne sera plus nécessaire de faire la guerre à l’ennemi : on l’aura conquis de l’intérieur, en offrant à une fraction de ses classes dirigeantes l’intégration dans l’hyperclasse mondialisée en voie de formation. La politique d’apaisement apparent suivie par l’administration Obama depuis un an doit être comprise dans le cadre de cette stratégie.

ZBK, c’est la ligne « big business » à l’état chimiquement pur, sans les compromis de Huntington avec l’identité américaine (esprit WASP opposé au multiculturalisme), et sans les compromissions des neocons avec le lobby pro-Israël. Sachant que ZBK est aujourd’hui le principal conseiller d’Obama, en lisant « Le Grand Echiquier », on mesure à quel point la présentation médiatique dominante de l’actuel président US (un homme de paix) est erronée, pour ne pas dire ridicule.

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