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S'assumer devant les "baïonnettes" verbeuses de la bien pensance

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S'assumer devant les "baïonnettes" verbeuses de la bien pensance Empty S'assumer devant les "baïonnettes" verbeuses de la bien pensance

Message par Baptiste Mar 16 Mar - 3:14

DE LA CAPACITÉ À S’ASSUMER « DE DROITE »

Chronique de Julien Rochedy

La « pensée » de droite, s’il y en a une – ou plutôt deux, trois ou quatre –, se confine désormais aux murmures, aux non-dits et aux plaisanteries entre bons gaillards franchouillards, ou entre quelques cols-blancs qui briment tristement leur nostalgie pour un passé perdu ; qui votent Sarkozy par exemple, mais en pensant à De Gaulle ; qui cèdent à tous les impératifs péremptoires du progressisme ambiant, tout en rêvant, confus, aux sociétés traditionnelles d’antan. Patriotes dans l’âme – mais dans une âme qui ne s’exprime que par le regret – il suffit de leur tendre oreille (quelques séides de l’UMP, ou même du centre parfois) pour les entendre déplorer la chute de la maison France, et avouer secrètement que dans l’hypocrisie de l’isoloir, c’est un bulletin Front National qu’ils déposent sous cachet républicain.
Mais il faut les comprendre, ces français, ces militants, ces intellectuels, tous autant qu’ils sont ; il faut bien comprendre que leur pusillanimité a souvent des excuses, et qu’ils en trouvent eux-mêmes sans cesse, arguant de pragmatisme, d’intérêts purs et même de fatalisme ; car beaucoup pensent que la France est la patrie maudite pour toute pensée de droite qui pourrait s’assumer, que les jeux sont faits, que les valeurs, les traditions et les clochers sont perdus, et que, pauvre France, tout cela ne peut encore vivre qu’au sein de quelques foyers, pour encore quelques temps, avant que ceux-ci aussi s’exportent bientôt en pays étrangers.

Bernard Henri-Lévy a gagné, triomphalement, aidé de tous les gauchistes issus de 68 qui remplirent de leurs idées tout ce qui permettait de faire penser (l’école, les médias, la philosophie et, dans une bonne partie, la politique, au cours des années Mitterrand), et ce sous le regard bienveillant de nombreuses élites financières, qui préparaient en douce une mondialisation que ne devaient entraver ni la Nation ni certaines traditions. BHL triomphe à chaque fois qu’un homme de droite déguise sa pensée ou ses votes, à chaque fois qu’il n’ose émettre critiques et réserves sur l’immigration et les valeurs soi-disant progressistes, de l’émasculation des hommes à la tolérance oblative ; à chaque fois qu’il n’ose prendre le parti de l’autorité, du patriotisme ou de la religion, que sais-je ; à chaque fois qu’il retient ses larmes et sa hargne lorsqu’il a le malheur de songer à quelle grandeurs historiques, culturelles et civilisationelles, nous, français, sommes issus.
Car il est vrai que désormais toutes les pensées de droite sont marquées d’un fer brun, qu’elles sont assimilées à l’odieuse « idéologie française » que BHL a fascisée. Derrière toute velléité catholique, il y aurait un bigotisme rétrograde ; derrière toute défense légitime de l’autorité, des cadres et des valeurs, une dictature larvée ; derrière toute critique d’un Etat omnipotent, distribuant aides sociales et cartes d’identité comme on distribuerait des friandises, un cœur froid, dur et sanguinaire ; et derrière tout cocorico un peu patriote, le cri strident d’un aigle impérialiste.

L’on peut comprendre, donc, les réticences des hommes à assumer une pensée de droite. Et pourtant, si l’on prend la peine de regarder les choses d’un peu plus haut, de jeter le regard hors de contingences culturelles que notre siècle impose, comme ces craintes paraissent ridicules ! Il fut un temps où le brevet du patriotisme se gagnait les armes à la main, dans le sang et la boue des tranchées. Aujourd’hui, ce brevet se gagne rien qu’en voulant simplement l’obtenir, et, à y regarder de près, les objurgations bien-pensantes semblent bien dérisoires à côtés des baïonnettes et des obus. Quels risques, finalement, menacent ceux qui oseraient s’assumer de droite ? Le bloc note de BHL dans le Point ? Quelques regards noirs de la part de gauchistes ou d’individus faisant de la modération en tout et pour tout la justification intellectuelle d’une simple indigence de la réflexion ? Non, certes, les risques peuvent être pires : des excommunications sont encore prononcées, empêchant parfois quelques carrières professionnelles ; mais enfin, l’honneur, l’abnégation et le sens du sacrifice ne sont-elles pas des valeurs faisant parties du corpus idéologique de la droite ?

Et puis, les temps changent, et si les mœurs « évoluent », il n’est pas dit qu’elles évolueront ad vitam aeternam dans leur sens. Au contraire. Partout nous pouvons voir les prodromes d’un changement profond, d’une critique radicale des gageurs progressistes des trente dernières années. Notre président de la république lui-même ne s’y est pas trompé, et c’est en s’assumant de droite durant la campagne qu’il fut élu. Pourquoi avoir peur, alors ? Ce qui est certain, c’est que ceux qui oseront en premier, qui révéleront leur « pensée de droite », surtout, parmi les jeunes, au prix de quelques petites souffrances qui attendent toujours les précurseurs, tiendront le haut du pavé dans la société de demain. Optimiste, cette pensée ? Elle découle d’une idée simple : si société demain il y a, celle-ci ne pourra être que revenue à certaines valeurs et principes éternels, parce que dans le cas contraire, il n’y aura, demain, plus de société. Il n’y aura plus de France, tout sera en ruine.

La pensée et les hommes de droite n’ont donc autre voie que de s’assumer, avec fracas et confiance, et ils peuvent même remercier l’Histoire de leur offrir ce doux paradoxe, cette jolie facétie, qui font que s’allient désormais en leur cœur la défense de valeurs belles, vraies et éternelles, avec l’exaltation d’une pensée qui, en notre société où désormais le conservatisme ennuyeux et moutonnier est à gauche, est joyeusement révolutionnaire ! Alors, dans ces conditions, pourquoi avoir peur de cette si belle chance ?
Baptiste
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